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The Dream Girl

1 mai 2012

Chapitre 3: Une nouvelle aube pour oublier le dernier crépuscule.

Le lendemain, la journée se déroula normalement. Pas d’incidents quelconques, rien. Ce plutôt qui était inhabituel ces temps là. Le soir elle rentra chez elle et demanda la permission pour qu’on l’amène chez le libraire le lendemain à 16heures. Les parents, un peux perplexes acceptèrent quand même. Ils l’amèneraient à 16 heures et elle rentrerait seule à 17 heures.

 Elisa se tint éveillée toute la nuit, elle pensa à l’homme de hier. Elle se demanda comment il pouvait supporter de vivre aveugle alors que sa passion était de lire… Comment peut-on continuer quand tout vous pousse à arrêter... quand le destin a choisi de vous interdire de vivre, d'exister. Comment faisait-il pour se battre jour après jour contre une fatalité insurmontable... Que ressentait-il à chaque seconde dans ce vide... Elle réfléchit ainsi toute la nuit, jusqu’à ce que le réveil indique 03h10. Là elle ferma les yeux et sombra dans un profond sommeil.

 Toute la journée du lendemain elle pensa à cet homme. Son regard l’avait transpercée au plus profond d'elle même... elle avait eu l'impression de ne rien pouvoir cacher, de montre au grand jour toutes ses faiblesses et ses secrets même si elle savait très bien qu’il ne pouvait la voir. Sa voix l’avait déchargée d’un poids inimaginable. Il avait quelque chose de spécial. Il dégageait une lueur, un quelque chose qui la touchait droit dans l'âme. Tout le long des cours elle s’imagina la rencontre, elle s’imagina lui racontant des histoires, de magnifiques livres, des fantaisies ou des poèmes à vous couper le souffle, des recueils à pleurer… Dans la cour de récréation elle restait toujours seule dans un coin et cela lui suffisait. Elle arrivait à supporter quelques heures par jour tant qu’elle savait que le soir elle écrirait…

 Puis vint enfin le moment tant attendu. La mère de la famille la déposa devant la petite boutique. Elisa sentit une bouffée d’excitation l’envahir… Elle descendit de la voiture et entra. Le carillon tinta comme la première fois. Elle regarda devant elle, l’homme était assis dans un fauteuil. Sans aucune hésitation Elisa le rejoignit :

« - Bonjour… Je suis là. Vous allez bien monsieur…

- Thomas… Thomas Blake. Désolé. Et vous mademoiselle ? Puis-je connaître votre prénom ?

- Oui bien sûr. Elisa. Elisa tout court suffira.

- D’accord. Venez seulement dans l’arrière-boutique. »

 

Elle le suivit et observa qu’il tâtonnait à l’aide de sa canne autour de lui. Tous deux arrivèrent dans un petit salon au milieu d’une multitude de livre. Il s’assit sur le canapé et lui indiqua le siège en face :

«  - Voilà, souffla-t-il. Le livre que j’aimerais que tu lises devrait se trouver sur la petite table. »

 Elisa se pencha et observa le livre. Recueil de contes tibétains. Elle ouvrit le livre et tourna les pages. Elle jeta un regard en direction du vieil homme puis retourna à l’histoire. Elle commença à lire. L’histoire racontait celle d’un homme pauvre et malade qui rencontra une femme muette. Elle était splendide mais ne parlait pas aux hommes. D’après une vieille légende elle avait trop souffert des hommes dans ses vies antérieurs… L’homme qui parviendrait à lui faire sortir un mot de la bouche deviendrait souverain du pays du soleil couchant. Après plusieurs tentatives des dizaines de prétendants ne parvinrent toujours pas à la faire parler. Puis un jour, évidemment, le pauvre homme vint chez elle. Il a regarda dans les yeux et lui rappela toutes ses vie antérieures. Lorsqu’elle était renard, oiseau, vache. Toutes ces fois il avait essayé de la courtiser mais elle était toujours partie pour un autre. La jeune femme contempla alors le pauvre avec des yeux étonnés et en larmes… Puis elle dit alors ces mots : « Tu ne t’es jamais lassé de ton amour envers moi. Tu as tenu bon tout ce temps. Tu es un homme bon. » Et le pauvre fut alors sacré souverain et la jeune et belle fille, sa femme. Malheureusement un jour la femme, qui se promenait sur la montagne, tomba dans un précipice et mourut. L’homme pris de désespoir et atteint par la folie monta sur la montagne, se plaça au-dessus de la falaise et attendit le soleil couchant avant de prononcer: « nous nous retrouverons encore une fois » et de sauter…

 

Elisa leva les yeux. C’était la fin du premier recueil. Le Tibet, quel beau pays cela devait être se dit-elle… L’homme prit soudain la parole :

« - C’était splendide, murmura-t-il. Cela faisait longtemps que je n’avais pas voyagé aussi loin. Tu as ce don. Celui d’emporter les gens si loin qu’ils en oublient toutes leur souffrances…

- Merci, souffla Elisa. C’est surtout l’histoire qui était magnifique. Quelle écriture, quelle description des paysages, quel infini de beauté pouvons-nous voir à travers ces lignes. C’était époustouflant…

- Elisa? demanda l’homme.

- Oui, répondit celle-ci. Que se passe-t-il ?

- Il faut que je t’avoue quelque chose… je crois que tu as déjà croisé mon fils l’autre jour, Luca. C’était le garçon brun qui t’a bousculée dans la rue. Excuse-le il est un peu distrait ces temps.

- Oh c’était votre fils ! D’accord… et donc… votre femme habite aussi ici ?

- Non elle est morte quand Luca avait onze ans. Cela fait donc cinq ans qu’elle nous a quittés.

- Vraiment désolée…

- Ne sois pas désolée tu as vécu pire n’est-ce pas ? J’ai entendu par le bouche à oreille ce qui t’était arrivé. Tu es forte Elisa. Tu as beaucoup de courage. Tu traverses une épreuve redoutable. Ne laisse jamais tomber. Ne crois pas qu’il n’y a plus rien en oubliant tout ce qu’il te reste…

- … En tout cas je ne regrette pas d’avoir lu ce recueil.

- Moi je ne regrette pas de l’avoir écouté ! Elisa, encore une dernière chose… Il faut que tu me promettes de ne pas avoir peur et de me faire confiance juste quelques instants. D’accord.

- Oui. Que se passe-t-il ?

- Dis-moi si je me trompe… Tu veux vivre une autre vie n’est-ce pas ? Eh bien, j’ai peut-être une solution. Mais pour ça il va falloir que tu te reconstruises, que tu partes, très loin.

- Quelle est cette solution ? demanda Elisa très intriguée.

- Mon fils va voyager jusqu’aux Etats-Unis. Il va aider une « association » si l’on veut bien… En tout cas il part. Ta seule chance de retrouver une nouvelle vie c’est de partir avec lui. Je sais parfaitement ce que c’est de perdre la seule chose à laquelle on s’accrochait désespérément pour survivre. J’aurais dû faire cela il y a cinq ans… Ma fois c’est aussi très difficile d’accepter le fait que le seul moyen de ne pas sombrer c’est de s’en aller. »

Elisa en resta bouche bée. Partir ? Aux Etats-Unis ? Le pays de toutes les espérances, là où rien n’est impossible, là où tout le monde à ses chances ? L’idée lui paraissait absurde mais dans un coin de son esprit, où l’imagination se trouvait, il n’y avait pas de place pour l’absurde. Tout était possible…

« - Mais je n’ai pas d’argent, ni de passeport, dit-elle.

- Ne t’inquiète pas pour cela. Tu veux partir ou pas ?

- … Peut-être.

- Très bien alors si tu le veux, viens demain matin à 4heures ici. Prends juste un sac à dos avec simplement ce qu’il te faut.

- D’accord.

- Très bien alors à demainpeut-être...

- Oui… »

 

Elisa sortit du magasin. Elle n’en revenait pas… Qu’allait-elle faire ? Qu’est-ce que le gens diraient si plus personne ne la trouvait ? Ils s’en ficheraient sûrement… Tout le monde s’en fichait… Qui se soucierait d'elle? Elle ne vaut plus rien sans ses rêves... sa vie est tellement inutile maintenant que plus personne ne s'en préoccupe...

Une fois rentrée, elle ne passa même pas dire bonjour. Elle s’enferma dans sa chambre, s’allongea et réfléchit. Qu’avait-elle de concret à perdre ? Est-ce que cela lui permettrai de prendre un nouveau départ ? Est-ce qu’elle apprendrait à vivre avec ? Aurait-elle moins mal ? Arriverait elle à se faire à l’absence, à cesser de pleurer dès qu’elle y pensait, à cesser de se faire du mal en regrettant ? Trouverait-elle seulement la force d’oublier ? Elle pensa, longuement, longtemps. Cette nuit l’obséda, elle ne parvint pas à dormir et le réveil la maintint debout chaque minutes qui passait. Ses pensées imaginèrent sa nouvelle vie. Elle s’imagina déjà, arrivant dans le pays à la folie des grandeurs. Elle avait toujours voulu y aller. Et maintenant qu’elle en avait l’opportunité allait-elle refuser ? Qu’est-ce que ses parents auraient souhaité ? Ils auraient voulu qu’elle refasse sa vie, qu’elle voie le monde, d’autres couleurs que le gris de son existence monotone. Elle le savait, ils auraient voulu qu’elle prenne les choses en main, qu’elle ne se laisse pas abattre…

Elle leva son regard et perçu la pluie au-dehors. Elle frappait fort contre les vitres. On aurait pu croire à des applaudissements. Le vent soufflait si fort. On ne voyait presque rien. Il était 3heures et demie du matinet Elisa s’assit sur le bord de son lit, posa ses pieds nus sur le sol froid. Elle les contempla un instant tout en réfléchissant. Puis elle se leva, s’habilla, pris son sac à dos, y enfila la photo de ses parents, des habits, un peu de l’argent qui lui restait, son cahier, sa plume et elle passa la porte. Sans jeter un seul regard derrière soi. Elle avait même laissé un mot disant que tout allait bien, qu’elle ne supportait juste plus le silence et qu’elle partait exister…

 

 

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1 mai 2012

Chapitre 2: L'espoir tient souvent de la détermination...

 Elisa releva la tête, elle ne s’était pas maquillée et ne portait donc pas de traces noires de mascara sur ses joues… Elle essuya d’un revers de manche les restes de larmes sur ses joues et s’aperçut qu’il était 17 heures. Machinalement, elle attrapa dans son sac son cahier et sa plume, elle s’installa au bureau et commença à réfléchir. Pour trouver l’inspiration elle aimait regarder par la fenêtre et imaginer laisser flotter tous ses sentiments dans l'immense espace bleu... Une fois les mots trouvés elle écrivit durant toute une heure, sans répit...

La soirée en présence de cette nouvelle "famille" se déroula très bien. Ses hôtes lui posèrent quelques questions sur elle, ils l’informèrent qu’ils l’avaient inscrite dans une école pas très loin. Au départ Matthieu l’aiderait à se repérer. Puis ils lui assurèrent qu’elle se ferait de nouveaux amis et aimerait sûrement cette école... Elisa savait pertinemment qu'elle n'y parviendrait qu'avec un epue de volonté... mais l'avait-elle seulement? Voulait-elle sincèrement continuer à essayer de vivre alors que tout la poussait à abandonner, à baisser les bras et ne plus tout donner...

 A la fin Elisa quitta la table et parti se coucher mais avant d’aller dans son lit, elle sortit sur le balcon, s’appuya sur la balustrade et pria… Elle prononça quelques mots, tenta du bout de ses doigts de toucher les étoiles mais n’y parvint que par son imagination. Alors elle rentra et se laissa tomber dans le lit moelleux… Elle baissa les paupières, vit encore une fois leurs visages, et sut qu’elle allait encore passer une nuit agitée… Elle sentit le collier à son cou, ce collier qu’elle n’avait jamais enlevé depuis sa naissance, que ses parents lui avaient offert. Pour l'enlever il fallait briser la chaîne, chose qu’elle ne fera jamais.

 

Elle se réveilla le lendemain matin, des cernes noires sous les yeux… Elle se contempla dans le miroir et se désola. Avant elle n’avait jamais été comme ça… Toujours bien maquillée, belle et fraîche, dans son ancien collège elle était réputée pour avoir été une des plus connues et des plus belles filles. Maintenant elle en était réduite à ça, à une image fade et sans vie dans le miroir. Alors ne se laissant pas abattre elle décida d’essayer de remettre un peu d’ordre sur son visage. Elle passa un peu de poudre sur ses joues, embellit ses yeux en les soulignant d’un trait de crayon fin et allongea ses cils d’un geste précis et lent. Elle passa sur sa bouche un rouge à lèvres très pâle… puis se regarda à nouveau. C’était mieux. On voyait très bien que cela avait été fait avec flegme, mais sa connaissance passée l’avait aidée à réussir quelque chose de potable…

Elle se leva, descendit à la salle à manger, mais ne prit pas de petit-déjeuner. Ensuite elle partit avec Matthieu jusqu’à sa nouvelle école. En arrivant celui-ci l’emmena vers le directeur et lui souhaita bonne chance. Ce dernier la salua, lui parla un peu de l’établissement puis lui présenta sa nouvelle classe. Quand elle entra, tous se retournèrent et le professeur la prit en charge. Il la présenta devant tout le monde puis la laissa s’installer tout derrière.

Le reste du cours se passa bien, jusqu’à la récré. Un groupe de filles, belles et élancées passa devant Elisa. Elle les observa avec envie. Voilà ce qu’elle avait été avant. Elle avait fait partie de ces filles que tout le monde enviait, qui n’ont peur de rien…  Mais celles-ci la regardèrent avec une pointe de dégoût dans leurs yeux. Elles chuchotèrent, rigolèrent puis tout en soutenant son regard, s’en allèrent ailleurs.

 Elisa retint un sanglot. Elle savait que c’était fini. Elle resterait celle en retrait… Cela lui donna envie de disparaître, de s’en aller… Plus rien ne deviendrait comme avant et c’était bien ça le plus terrifiant; que la réalité soit si cruelle, que ce ne soit pas un cauchemar et que le vide ne se remplirait pas. Elle partit et courut loin, traversa le village, oubliant tout autour, laissant la neige rentrer dans ses baskets, laissant le froid lui blesser le visage, et s’arrêta dans une petite ruelle. Son pouls se calma et ses larmes aussi. Mais qui était-elle devenue ? Où était passée la vraie Elisa? Celle qui riait jour et nuit, celle qui réconfortait, celle qui écoutait ? Allait-elle continuer à exister comme ça, tenter jour après jour de faire avec, sans se poser de questions, savoir si elle finirait ses jours comme cela ?  Elle ne voyait plus son avenir, juste le néant, l’indécision. Elle n’avait plus rien, juste l’espoir de retrouver un jour la force de vivre… Puis se sentant faible et salie elle se leva et marcha un bout. Jusqu’à atteindre une petite libraire. Elle se stoppa net devant et regarda la vitrine. Une vitrine très simple mais qui présentait quelques livres très vieux… Elisa ne put se retenir, il lui restait un peu d’argent alors elle entra. Elle adorait les anciens ouvrages car ils étaient source d’inspiration et de calme pour elle. Elle n’avait jamais su pourquoi mais à cet instant elle se laissa tenter, elle en avait besoin. Alors sans se préoccuper de rien d’autre elle poussa la porte et un petit tintement de carillon se fit percevoir. A petit pas elle circula dans la pièce. Ses yeux firent le tour de la pièce et elle remarqua que l’endroit était très sombre, que les livres se trouvaient empilés les uns sur les autres, que les armoires menaçaient de tomber mais qu’il y avait dans l’atmosphère une sorte d’attirance, de parfum qui donnait envie de visiter, comme un goût qui vous rentre par le nez et vous passe dans la gorge pour vous enivrer. Alors elle glissa entre les étagères et chercha quelques livres. Quelques-uns attirèrent son attention : Victor Hugo, Molière, Shakespeare… Que de très beaux et grands ouvrages. C’est ce qu’elle aimait. Leur façon d’écrire, leur aisance à s’exprimer, la facilité avec laquelle ils inventaient, ils créaient. Elle aussi aurait voulu pouvoir écrire comme eux. Elle écrivait, certes, mais pas aussi bien qu’elle l’aurait voulu. Elle écrivait des petits textes sur la vie, les espoirs, les problèmes… Elle aimait écrire ce genre de choses. Son rêve à elle c’est qu’un jour ses « œuvres » soient lues et appréciées. C’est pour ça qu’elle vivait encore. Parce que l’écriture l’avait sauvée. Parce qu’elle lui avait donné un second souffle.

Aurélie contempla encore une fois autour d’elle et aperçu alors un petit comptoir. Elle posa "Victor Hugo, Les Contemplations" et attendit. Elle avait hâte de lire car elle avait beaucoup entendu parler de ce livre parce que ses parents avaient été professeurs de français et la littérature les passionnaient. Tout à coup un homme, apparemment aveugle d'après son regard vide et sa canne, sortit de derrière une porte et se présenta :

« -Bonjour.

- Bonjour, répondit Elisa. Je voudrais prendre le livre de Victor Hugo, Les Contemplations.

- Très bon choix ! Un beau livre… Oui, très beau… Tu dois aimer lire non?

- Oh oui j’adore… la façon dont Victor Hugo écrit. J’ai déjà lu les Feuilles d’automnes.

- Très beau recueil aussi ! Eh bien puisque cela te passionne autant, je vais te l’offrir !

- Mais non ! Je ne peux pas…

- Bien sûr c’est un cadeau de bienvenue ! Mais en échange… pourrais-tu… me rendre un petit service ?

- Oui…

-  J'ai un problème... et tu es la première dont je sens l'envie de lire qui entre dans ma boutique. Reviens me voir et parle-moi des livres... S’il te plaît.  Tu as sûrement vu que je suis aveugle et donc cela m’est difficile de lire… Pourrais-tu me faire la lecture ? La fille qui me lisait des livres avant a déménagé il y a une semain et je n’ai plus personne… J’en ai vraiment besoin, je sais que la proposition est un peu rapide mais tu es la première cliente que j’ai depuis trois jours…dans ce petit village plus personne ne vit…

- Eh bien… euh. Oui sûrement. Je ne sais pas si j’aurais le temps.

- Ce n’est pas grave. Reviens si tu peux. Dans ta voix on entend ton envie de lire. Crois-moi j’ai eu le temps d’apprendre à déceler ce que les gens cachent dans leur voix ! Tu n’es pas obligée. Si tu as le temps reviens après-demain vers 16 heures.

- Très bien… j’essaierai. Alors... à bientôt?

- Oui à bientôt, je l’espère. »

 

Elisa sortit du petit magasin encore un peu perdue. Cette « discussion » avait été si facile. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas parlé aussi tranquillement avec quelqu’un… En rentrant elle croisa un garçon, brun, les yeux très foncés. Il la bouscula au détour d’une rue, il se retourna pour s’excuser mais il n’arriva pas à détacher son regarde d'Elisa. Cette dernière continua sans se retourner, un léger sourire au coin des lèvres… elle eut juste le temps de voir qu’il entrait dans la boutique de livres.

 Quand elle arriva chez elle, la famille l’attendait impatiente. Aurélie leur lança un regard furtif avant de laisser échapper un petit : « Je suis juste allée m’acheter un livre… ». Puis elle monta et écrit. Le cœur heureux, moins meurtri. Elle écrivit qu’elle pensait enfin pouvoir nager loin de ce bateau en train de couler. Elle l’espérait. Elle sentait en elle une lueur d’espoir, un petit bonheur qui pointait le bout de son nez… Elle voulait danser, voir le monde, changer de décor. Après ce qu’elle avait vécu qu’est-ce qui pourrait bien l’étonner encore ? Pas grand-chose effectivement. Alors le cœur léger elle se coucha et s’endormit… 

 

 

30 avril 2012

Chapitre 1: Quand la recherche du bonheur est une course après l’éphémère......

Un cri, un tir, les oreilles qui sifflent, la respiration saccadée et le sang qui s'étale lentement sur le sol froid du temple... Voilà comment tout se termine...

Et voilà comment tout commence...

 

Elle sortit de la voiture toute tremblante et se dirigea vers l’entrée. Un lampadaire à la lumière vacillante semblait guider son chemin et la neige tombait à perte de vue… Les flocons virevoltaient au-dessus d’elle et quelques-uns se déposaient sur ses longs cheveux blonds qui lui retombaient au milieu du dos, et ceux-ci ondulaient dans la fraîcheur de cette nuit d’hiver. Quelques gouttes s’accrochaient au bout de ses longs cils noirs, ses yeux verts semblaient éteints sur son visage et sa bouche tremblait de froid. On pouvait, en regardant de plus près, percevoir une infinie douleur sur le traits cripés et tristes de la jeune fille… La douleur d'une perte tro précipitée, trop brutale...

  Les mains dans les poches, Elisa traversa le quai pour en atteindre l’extrémité. Personne. Il faisait nuit, le froid lui glaçait les oreilles et il devait être approximativement une heure du matin. Elle apercevait une petite lueur immobile à l’autre bout de la voie, une lueur qui l’avait accompagnée jusqu’ici et qui lui laissait le choix à présent. Une petite lueur qui lui susurrait : « retourne en arrière… ne continue pas ». Mais elle restait là, assise sur un banc, contemplant la neige qui avait effacé les dernières traces de pas, les dernières traces de vie, comme si tout l’obligeait à lui rappeler qu’elle était seule. Cette neige, qui endormait le monde, qui installait le silence dans la nuit glacée et qui faisait mal au cœur, lui rappelait la mort, l’oubli, la solitude qu'elle ressentait, et cela lui était insupportable.

  A deux ou trois mètres d’elle se trouvaient les rails où son train devait bientôt arriver et juste un peu plus loin dans le paysage désert, se dessinaient les contours d’un vieil arbre mort, que l'on devinait assassiné par le temps… Et puis la neige...qui tombait à perte de vue.

Aurélie regarda alors autour d’elle puis elle se pencha sur son sac à dos qu’elle ouvrit délicatement. Elle sortit un petit carnet rouge avec une plume. Ce carnet, sa vie… Tout d’abord elle le contempla, comme la dernière chose qui puisse lui permettre de survivre dans ce monde, comme l'objet le plus précieux qui lui restait, puis, ensuite, ses doigts commencèrent à écrire...on eût dit qu’ils dansaient sur le papier, qu’ils virevoltaient, qu’ils peignaient une nouvelle œuvre d’art sagement réfléchie. Son regard rivé droit sur la feuille, les larmes coulèrent. Une à une elles tâchèrent le papier, le marquant d’un mal qui jamais ne s’en ira et Aurélie, lentement, posa sa plume. Les mains tremblantes elle rangea le tout dans son sac et mis sa tête dans ses genoux. Elle pleura, elle ne sait combien de temps, mais longtemps. Jusqu’à ce que la douleur la quitte, que le mal se dissipe un peu et que son esprit se détourne de ses pensées. Elle écarta une mèche de devant ses yeux mouillés. Elle pensa à ses larmes, aux traces invisibles mais douloureuses qu’elles laisseraient encore une fois, ces traces blanches, salées, qui vous rappellent tout le mal qui vous tient là, perdu, sans choix, sans vie…  La gorge serrée elle se releva et aperçut le train arrivant du nord. Elle partait, elle quittait cet endroit maudit, qu’elle ne voulait plus jamais revoir. Quand le train s’arrêta, la portière s’ouvrit, elle gravit une marche et regarda derrière elle… La petite lueur avait disparu, la neige avait cessé de tomber et seuls ses pas recouvraient le sol de la gare. Elle avait 16 ans et elle partait maintenant. Trop tôt à son goût. Elle monta et alla s’asseoir… Elle toucha du bout des doigts son collier, celui qu'elle portait depuis sa naissance et qui était imporssible à enlever... Elle fit ce voyage seule et en silence, l'esprit vide...

 

 ***

  

 Arrivée à la gare de Londres, elle descendit les marches du train toujours un peu endormie et chercha d’un regard désespéré autour d’elle. Elle sauta plusieurs fois tentant d’apercevoir quelque chose, se mit sur la point de pieds puis tourna sur elle-même mais rien, pas un signe de main, pas un visage. Alors elle se posa sur un bancnet attendit. Les minutes défilaient sur la grande horloge mais personne n’arrivait…

 Quand tout à coup un homme s’arrêta devant elle. Elle leva les yeux et pu apercevoir un grand brun aux yeux noisette qui la regardait avec autant de curiosité qu’elle. Cela devait être son oncle très éloigné. Il devait avoir la quarantaine. Elle le salua d’un signe de tête, il fit de même et ils s’en allèrent ensemble vers la voiture qui les attendait au bord de la route. Le voyage se fit en silence mais elle sentait le regard pesant de l’homme sur elle, il la scrutait, l’observait, l’examinait presque. Elle voulait éviter de croiser ses yeux car elle savait très bien qu’aucun des deux ne lâcherait... Alors elle se contenta de regarder les rues, les voitures, les bus et les gens défiler… Ils quittèrent peu à peu la ville pour arriver dans un village plus éloigné. Elle ne savait pas où mais cela ne la préoccupait pas, rien ne la préoccupait, le monde avait perdu toute valeur, la vie n’était plus qu’une corvée, un devoir qu’elle se devait de terminer pour eux…

 Quand ils furent à destination, elle descendit de la voiture avec son sac à dos et observa autour d’elle. Un silence régnait, mais pas un silence pesant, au contraire, un silence doux qui laissait deviner un petit bonheur dans ce paysage. La neige avait tout recouvert mais on sentait la chaleur, la fumée des cheminées des maisons qui s’envolait dans l’air, le parfum de nourriture appétissante. En temps normaux, elle aurait été émerveillée par ces sensations, elle aurait ouvert son cahier et écrit sentiment par sentiment tout ce qu'elle ressentait! Mais pas à cet instant... Pas aujourd'hui, pas ici, pas avec personne...

 Elisa avança vers une maison, elle entra et se retrouva directement dans le salon. Trois autres personnes l’attendaient. Une femme, grande, les lèvres pincées, très propre sur elle et deux enfants: un garçon du nom de Matthieu et une fille du nom de Lisa. tous deux d'environ 16 ans. Aurélie les salua puis demanda à monter dans sa chambre. L'homme lui indique une porte et quand elle entra, elle découvrit un espace immense, un grand lit envahissait la pièce et sur le côté se trouvait un canapé très élégant. Une petite commode dans un coin et un bureau devant la grande fenêtre donnaient à la chambre un certain charme. Il y avait encore un balcon qui donnait sur le jardin…  C’était immense et très joli.

 La voix de l’homme la ramena sur terre. Il lui proposait de la laisser se reposer et il l’appellerait pour le souper. Aurélie approuva en un hochement de tête et quand la porte se referma, elle s’allongea sur son lit et réfléchit. Cela faisait un bout de temps qu’elle n’avait pas laissé ses pensées vagabonder, elle les avait toujours retenues, enfermées, pour ne pas avoir à se tordre de douleur mais maintenant, elle voulait se souvenir, elle voulait tout mettre au clair. Elle pensa tout d’abord au commencement. Un jour banal, un jour ensoleillé, un jour heureux…

 Elle rentrait chez elle, le téléphone sonnait dans la maison, personne ne répondait. Elle avait trouvé un billet sur la porte du réfrigérateur : « Nous partons faire les courses. A tout de suite. » Alors seulement elle avait décroché. La personne à l’autre bout du fil lui avait indiqué qu’elle était de la police et elle lui avait demandé son identité. Aurélie s’était présentée puis son interlocuteur avait prononcé ces quelques mots, ceux qu’elle n’aurait jamais voulu entendre. Quelques phrases de trop. Des phrases qui ont brisé sa vie. Puis une équipe de policiers était arrivée à son domicile, ils l’avaient entourée d’une couverture… elle s’était toujours demandé pourquoi d’ailleurs… Et puis c’est seulement à cet instant précis qu’elle avait réalisé… Ces parents et sa sœur étaient décédés dans un accident de voiture sur le croisement au bas de la rue.

 Plus de famille, pas de tantes ni d’oncles, ni de grands-parents, ni de parrains ou marraines… Seulement elle. Alors quelqu’un avait retrouvé la trace d’un parent très éloigné… Elle s’en était allée seule. Elle le voulait. Le seul train avait été programmé pour une heure du matin. Un policier l’avait déposée à la gare, l’avait surveillée de loin puis s’en était allé… Comme tous les autres. Heureusement il lui restait une seule envie de vivre. L’écriture. Et maintenant elle avait peur d’une seule chose : perdre l’inspiration. Sans ça, cela fait longtemps qu'elle aurait pris un couteau ou des cachets... 

L'écriture lui permettait de continuer à écrire un peu sa vie malgré ce mal qui l'étouffait...

Elle s'était juré de continuer de vivre...pour eux.

30 avril 2012

Présentation :D

Alors voilà... Bienvenue! :D

Je voudrai dire tout d'abord que ce blog sera totalement dédié à mon roman dont le titre provisoire est: "The Dream Girl." Le titre n'est pas forcément très en rapport mais bon, ça fera l'affaire! 

Je me suis inspirée de la vie de mes amis proches pour écrire cette histoire et de la fantaisie de l'imagination de certains! Elle n'est pas finie et donc certaines fois, cela prendra plus de temps pour poster un "chapitre". J'ai de la chance d'avoir de belles personnes qui me soutiennent malgré le fait que l'écriture soit maladroite et un peu enfantine parfois.

Enfin voilà! C'était une petite présentation! Merci surtout à E et à J qui m'ont aidée dans la réalisation de ce roman! Sans eux, je n'aurai jamais continué et toute l'histoire ne serait qu'un amas de phrases ennuyeuses! Merci encore! :D

N'hésitez pas à laisser des commentaires! ;)

J'espère que ça vous plaira! <3

Bonne suite!

M

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