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The Dream Girl
1 mai 2012

Chapitre 2: L'espoir tient souvent de la détermination...

 Elisa releva la tête, elle ne s’était pas maquillée et ne portait donc pas de traces noires de mascara sur ses joues… Elle essuya d’un revers de manche les restes de larmes sur ses joues et s’aperçut qu’il était 17 heures. Machinalement, elle attrapa dans son sac son cahier et sa plume, elle s’installa au bureau et commença à réfléchir. Pour trouver l’inspiration elle aimait regarder par la fenêtre et imaginer laisser flotter tous ses sentiments dans l'immense espace bleu... Une fois les mots trouvés elle écrivit durant toute une heure, sans répit...

La soirée en présence de cette nouvelle "famille" se déroula très bien. Ses hôtes lui posèrent quelques questions sur elle, ils l’informèrent qu’ils l’avaient inscrite dans une école pas très loin. Au départ Matthieu l’aiderait à se repérer. Puis ils lui assurèrent qu’elle se ferait de nouveaux amis et aimerait sûrement cette école... Elisa savait pertinemment qu'elle n'y parviendrait qu'avec un epue de volonté... mais l'avait-elle seulement? Voulait-elle sincèrement continuer à essayer de vivre alors que tout la poussait à abandonner, à baisser les bras et ne plus tout donner...

 A la fin Elisa quitta la table et parti se coucher mais avant d’aller dans son lit, elle sortit sur le balcon, s’appuya sur la balustrade et pria… Elle prononça quelques mots, tenta du bout de ses doigts de toucher les étoiles mais n’y parvint que par son imagination. Alors elle rentra et se laissa tomber dans le lit moelleux… Elle baissa les paupières, vit encore une fois leurs visages, et sut qu’elle allait encore passer une nuit agitée… Elle sentit le collier à son cou, ce collier qu’elle n’avait jamais enlevé depuis sa naissance, que ses parents lui avaient offert. Pour l'enlever il fallait briser la chaîne, chose qu’elle ne fera jamais.

 

Elle se réveilla le lendemain matin, des cernes noires sous les yeux… Elle se contempla dans le miroir et se désola. Avant elle n’avait jamais été comme ça… Toujours bien maquillée, belle et fraîche, dans son ancien collège elle était réputée pour avoir été une des plus connues et des plus belles filles. Maintenant elle en était réduite à ça, à une image fade et sans vie dans le miroir. Alors ne se laissant pas abattre elle décida d’essayer de remettre un peu d’ordre sur son visage. Elle passa un peu de poudre sur ses joues, embellit ses yeux en les soulignant d’un trait de crayon fin et allongea ses cils d’un geste précis et lent. Elle passa sur sa bouche un rouge à lèvres très pâle… puis se regarda à nouveau. C’était mieux. On voyait très bien que cela avait été fait avec flegme, mais sa connaissance passée l’avait aidée à réussir quelque chose de potable…

Elle se leva, descendit à la salle à manger, mais ne prit pas de petit-déjeuner. Ensuite elle partit avec Matthieu jusqu’à sa nouvelle école. En arrivant celui-ci l’emmena vers le directeur et lui souhaita bonne chance. Ce dernier la salua, lui parla un peu de l’établissement puis lui présenta sa nouvelle classe. Quand elle entra, tous se retournèrent et le professeur la prit en charge. Il la présenta devant tout le monde puis la laissa s’installer tout derrière.

Le reste du cours se passa bien, jusqu’à la récré. Un groupe de filles, belles et élancées passa devant Elisa. Elle les observa avec envie. Voilà ce qu’elle avait été avant. Elle avait fait partie de ces filles que tout le monde enviait, qui n’ont peur de rien…  Mais celles-ci la regardèrent avec une pointe de dégoût dans leurs yeux. Elles chuchotèrent, rigolèrent puis tout en soutenant son regard, s’en allèrent ailleurs.

 Elisa retint un sanglot. Elle savait que c’était fini. Elle resterait celle en retrait… Cela lui donna envie de disparaître, de s’en aller… Plus rien ne deviendrait comme avant et c’était bien ça le plus terrifiant; que la réalité soit si cruelle, que ce ne soit pas un cauchemar et que le vide ne se remplirait pas. Elle partit et courut loin, traversa le village, oubliant tout autour, laissant la neige rentrer dans ses baskets, laissant le froid lui blesser le visage, et s’arrêta dans une petite ruelle. Son pouls se calma et ses larmes aussi. Mais qui était-elle devenue ? Où était passée la vraie Elisa? Celle qui riait jour et nuit, celle qui réconfortait, celle qui écoutait ? Allait-elle continuer à exister comme ça, tenter jour après jour de faire avec, sans se poser de questions, savoir si elle finirait ses jours comme cela ?  Elle ne voyait plus son avenir, juste le néant, l’indécision. Elle n’avait plus rien, juste l’espoir de retrouver un jour la force de vivre… Puis se sentant faible et salie elle se leva et marcha un bout. Jusqu’à atteindre une petite libraire. Elle se stoppa net devant et regarda la vitrine. Une vitrine très simple mais qui présentait quelques livres très vieux… Elisa ne put se retenir, il lui restait un peu d’argent alors elle entra. Elle adorait les anciens ouvrages car ils étaient source d’inspiration et de calme pour elle. Elle n’avait jamais su pourquoi mais à cet instant elle se laissa tenter, elle en avait besoin. Alors sans se préoccuper de rien d’autre elle poussa la porte et un petit tintement de carillon se fit percevoir. A petit pas elle circula dans la pièce. Ses yeux firent le tour de la pièce et elle remarqua que l’endroit était très sombre, que les livres se trouvaient empilés les uns sur les autres, que les armoires menaçaient de tomber mais qu’il y avait dans l’atmosphère une sorte d’attirance, de parfum qui donnait envie de visiter, comme un goût qui vous rentre par le nez et vous passe dans la gorge pour vous enivrer. Alors elle glissa entre les étagères et chercha quelques livres. Quelques-uns attirèrent son attention : Victor Hugo, Molière, Shakespeare… Que de très beaux et grands ouvrages. C’est ce qu’elle aimait. Leur façon d’écrire, leur aisance à s’exprimer, la facilité avec laquelle ils inventaient, ils créaient. Elle aussi aurait voulu pouvoir écrire comme eux. Elle écrivait, certes, mais pas aussi bien qu’elle l’aurait voulu. Elle écrivait des petits textes sur la vie, les espoirs, les problèmes… Elle aimait écrire ce genre de choses. Son rêve à elle c’est qu’un jour ses « œuvres » soient lues et appréciées. C’est pour ça qu’elle vivait encore. Parce que l’écriture l’avait sauvée. Parce qu’elle lui avait donné un second souffle.

Aurélie contempla encore une fois autour d’elle et aperçu alors un petit comptoir. Elle posa "Victor Hugo, Les Contemplations" et attendit. Elle avait hâte de lire car elle avait beaucoup entendu parler de ce livre parce que ses parents avaient été professeurs de français et la littérature les passionnaient. Tout à coup un homme, apparemment aveugle d'après son regard vide et sa canne, sortit de derrière une porte et se présenta :

« -Bonjour.

- Bonjour, répondit Elisa. Je voudrais prendre le livre de Victor Hugo, Les Contemplations.

- Très bon choix ! Un beau livre… Oui, très beau… Tu dois aimer lire non?

- Oh oui j’adore… la façon dont Victor Hugo écrit. J’ai déjà lu les Feuilles d’automnes.

- Très beau recueil aussi ! Eh bien puisque cela te passionne autant, je vais te l’offrir !

- Mais non ! Je ne peux pas…

- Bien sûr c’est un cadeau de bienvenue ! Mais en échange… pourrais-tu… me rendre un petit service ?

- Oui…

-  J'ai un problème... et tu es la première dont je sens l'envie de lire qui entre dans ma boutique. Reviens me voir et parle-moi des livres... S’il te plaît.  Tu as sûrement vu que je suis aveugle et donc cela m’est difficile de lire… Pourrais-tu me faire la lecture ? La fille qui me lisait des livres avant a déménagé il y a une semain et je n’ai plus personne… J’en ai vraiment besoin, je sais que la proposition est un peu rapide mais tu es la première cliente que j’ai depuis trois jours…dans ce petit village plus personne ne vit…

- Eh bien… euh. Oui sûrement. Je ne sais pas si j’aurais le temps.

- Ce n’est pas grave. Reviens si tu peux. Dans ta voix on entend ton envie de lire. Crois-moi j’ai eu le temps d’apprendre à déceler ce que les gens cachent dans leur voix ! Tu n’es pas obligée. Si tu as le temps reviens après-demain vers 16 heures.

- Très bien… j’essaierai. Alors... à bientôt?

- Oui à bientôt, je l’espère. »

 

Elisa sortit du petit magasin encore un peu perdue. Cette « discussion » avait été si facile. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas parlé aussi tranquillement avec quelqu’un… En rentrant elle croisa un garçon, brun, les yeux très foncés. Il la bouscula au détour d’une rue, il se retourna pour s’excuser mais il n’arriva pas à détacher son regarde d'Elisa. Cette dernière continua sans se retourner, un léger sourire au coin des lèvres… elle eut juste le temps de voir qu’il entrait dans la boutique de livres.

 Quand elle arriva chez elle, la famille l’attendait impatiente. Aurélie leur lança un regard furtif avant de laisser échapper un petit : « Je suis juste allée m’acheter un livre… ». Puis elle monta et écrit. Le cœur heureux, moins meurtri. Elle écrivit qu’elle pensait enfin pouvoir nager loin de ce bateau en train de couler. Elle l’espérait. Elle sentait en elle une lueur d’espoir, un petit bonheur qui pointait le bout de son nez… Elle voulait danser, voir le monde, changer de décor. Après ce qu’elle avait vécu qu’est-ce qui pourrait bien l’étonner encore ? Pas grand-chose effectivement. Alors le cœur léger elle se coucha et s’endormit… 

 

 

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